Frappe de monnaie - Haubergerie - Taille de pierre - Herboristerie - Apothicairerie - Facture de flèches

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FRAPPE DE MONNAIE

 

Il existait au Moyen Âge des ateliers où l'on entendait frapper au marteau tout au long de la journée. Il s'agissait d'ateliers de frappe de monnaie, droit régalien s'il en est (c'est-à-dire réservé au roi lui-même, et aux grands feudataires, seigneurs laïcs ou ecclésiastiques).

C'est dire que de s'en mêler sans être dûment habilité à le faire était un crime de lèse-majesté, puni d'ailleurs du supplice de la chaudière !

 

Ci-dessus, deux enluminures illustrant le supplice de la chaudière, réservé tout spécialement aux faux-monnayeurs.
L'Histoire ne nous dit pas si les exécuteurs de ces basses œuvres
avaient la délicatesse d'ajouter un bouquet garni à ce court-bouillon fatal…

 

On dit même que certains employés indélicats de ces officines « rognaient », c'est-à-dire qu'il se laissaient aller à gratter par-ci par-là de la matière sur la tranche des pièces pour récupérer des paillettes de métal précieux… C'est entre autres pourquoi ces ateliers étaient hautement surveillés par un officier dûment mandaté par le commanditaire, détenteur de ce fameux pouvoir régalien.
Mais toutes les monnaies ne sont pas du même métal ni de la même teneur en métal précieux. La teneur en métal précieux, c'est ce qu'on appelle l'aloi d'une monnaie. Bien des rois de France (et d'autres princes !) en mal de trésorerie ont su jouer de cet aloi, la dévaluant, provoquant de catastrophiques inflations dans des temps de disettes chroniques, dues notamment à des conditions climatiques exceptionnellement froides et pluvieuses (que les historiens n'ont pas hésité à qualifier de micro-glaciation), à la peste et aux dépradations de la soldatesque.
Dans notre atelier frappe de monnaie, Goddam présente une prestigieuse monnaie d'or. Il s'agit du léopard d'or du fameux Prince Noir. Créé Prince d'Aquitaine en 1362 par son père le roi Edouard III d'Angleterre, il fait frapper probablement dès cette époque cette monnaie forte, équivalente au mouton d'or du royaume de France, pour rassurer les Bordelais, peuple hautement marchand s'il en est, et les autres populations de sa toute nouvelle principauté.

 

Ci-contre l'avers et le revers du léopard d'or d'Edouard de Woodstock,
prince de Galles et d'Aquitaine.

 

Sur cet atelier, vous verrez comment on prépare un flan à partir d'une plaque de régule (étain ou alliage plomb-étain), comment on le lamine, puis comment on grave la pièce grâce à la matrice.
Et pour finaliser – petite entorse bien compréhensible à la réalité historique –, comment on peaufine avec la dorure pour imiter l'or, car il serait bien trop onéreux de se procurer de véritables lingots !


 

HAUBERGERIE

 

Au Moyen Âge, pour sortir vainqueur et en un seul morceau d'un combat, mieux valait être bien équipé. Pour cela on se faisait donc confectionner des protections efficaces comme la cotte de mailles, connue depuis l'Antiquité et qui perdurera encore après le XVIe siècle. Celle-ci était confectionnée par le haubergier.
Ernauton Bourdeilles est membre de La Grant Compaigne, compagnie de routiers qui pille les villages, rançonne et amasse donc des richesses. Les compains de ce haubergier n'ont qu'a lui donner une partie de leurs rapines en échange d'un équipement, qui reste fort onéreux compte-tenu du temps de travail demandé pour la réalisation de telles pièces : camail, haubergeon… Sur nos campements, il se fera un plaisir de vous faire une démonstration et de vous mettre à contribution.

Il existe plusieurs types de mailles :

La maille rivetée
La maille rivetée plate
La maille annulaire
Cette dernière était plutôt utilisée
pour les réparations urgentes

 

Une fois les mailles assemblées,
voici à quoi ressemble le camail
(protection de la tête et du cou).

 

Malheureusement, cette protection a aussi ses inconvénients car les flèches à la pointe perce-mailles sont capables de les traverser grace à leur pointe très effilée et leur section triangulaire. C'est pourquoi on portait également par-dessus ou par dessous la protection de mailles un vêtement gamboisé (c'est-à-dire matelassé, tel que jaque, gambison ou encore hoqueton…)

 

APOTHICAIRERIE

 


Le Moyen Âge est souvent représenté comme une période sale et noire, héritage de la Renaissance qui a voulu rejeter cette importante période de notre histoire comme obscure, dénuée d’hygiène, de poètes et d’artistes valables à ses yeux, soumise à la bêtise crasse, aux préceptes de l’Église et à la plus dure féodalité. Bref, totalement obscurantiste…
Mais qu'en est-il réellement ?

Musée de Cluny - Valve de boîte à miroir
Tristan et Yseult (après 1350)

La saponaire

Emma vous fera découvrir, savons, shampooings et parfums du XIVe siècle, car on se lavait sitôt qu’on le pouvait et, bien naturellement en fonction aussi de son statut social !
Il était bien plus facile pour de nobles personnages d'avoir accès à des étuves publiques, mais les classes les plus défavorisées de la population avaient à cœur d'être propres, autant qu'elles le pouvaient et que leur labeur et leurs moyens le leur permettaient.
Il existait dans les grands centres urbains, des étuves publiques où venaient barboter en doulce compagnie nobles et autres influents personnages, bourgeois, clercs, qui étaient davantage attirés par le commerce bienveillant des étuvières que par un souci de propreté. On savait déjà allier l'utile à l'agréable !
On était soigneux de son corps, bien plus que sous Louis XIV où on conservait ses poux et sa vermine sous d’abominables perruques et d'abondantes poudres.
Emma vous parlera aussi du début de la cosmétologie avec Hildegarde de Bingen en passant par les recettes de Galien, d'Avicenne ou de la mystérieuse Trotula…


 

FACTURE DE FLÈCHES

 

Les flèches

Dans les grandes batailles rangées de la guerre de Cent Ans : Crécy, Azincourt, Poitiers…, les pointes à tête lourde en « poinçon » à trois ou quatre pans furent utilisées.
Les tirs s’effectuaient par « volées » pratiquées en même temps par toute une ligne d’archers, de façon à ce qu’elles tombent sur l’ennemi sous la forme d’une véritable pluie de flèches. Combien y avait-il de flèches disponibles dans ces affrontements ? De tels calculs sont délicats, mais, si trois mille archers, durant deux minutes, tiraient dix flèches par minute, il en résulterait une averse de soixante mille flèches. Cela nous permet de déduire qu’à Crécy, on s’est servi d’un demi-million de flèches ! Ces projectiles, envoyés sur la ligne d’attaque, occasionnaient des pertes humaines importantes et un désordre incontrôlable dans la cavalerie, provoqué par les chevaux tués ou blessés. 
D'un poids de 80 à 100 grammes, elles étaient décochées à une vitesse initiale de 160 à 200 km/h et conservaient au moment de l'impact une vitesse de 130 km/h. Les pointes, longues de 10 cm, pouvaient perforer une armure légère d'1 cm et demi d'épaisseur. Le corps de la flèche appelé « fût » devait conjuguer rigidité, pour encaisser la puissance de l’arc, et souplesse pour éviter de casser à l’arrivée.
Pour la guerre, la flèche devait être de fabrication rapide, à « usage unique », lourde pour augmenter son inertie et sa puissance et conçue pour tirer de très grandes volées pendant un temps bref en ajustant une distance précise. Compte tenu des chiffres présentés précédemment (10 à 12 flèches tirées à la minute) il fallait donc prévoir une quantité de flèches supérieure à ce que chaque archer pouvait lui-même transporter (une « gerbe », de 24 flèches qu’il plante ou couche au sol devant lui). Ainsi rapidement de nombreux chariots furent affectés au transport exclusif de ces précieuses munitions.

Dessin de Graham Turner, tiré de la collection Osprey



Bodleian - 264 123r - workers

Le fût

Le bois utilisé pour la fabrication d’un fût de flèche devait répondre à des critères sélectifs précis : il devait être exempt de nœud, présenter des fils serrés tout en étant d’une grande rectitude, car cette qualité essentielle conditionne le bon vol de la flèche. Les essences de bois les plus couramment utilisées sont dans l’ordre : frêne, pin, peuplier, chêne, orme, prunier épineux… Pour les flèches de guerre, le frêne semble avoir eu la préférence. C’est un bois dense, assez lourd, qui permet d’augmenter l’inertie et la puissance de la flèche

Pour plus d'information venez voir œuvrer Cantaloup.